23/12/2017

Petit coup de cœur avec Sirius de Stéphane Servant

Sirius de Stéphane Servant aux éditions du Rouergue


Un roman post-apocalyptique destiné à la jeunesse par une plume poétique à souhait… J’ai sauté dessus. Pour une fois, nul reproche à faire. C’est un livre que je remettrai aisément entre les mains d’adolescents sans sourciller car cette histoire reste un petit coup de cœur.


De quoi cela parle ?

Alors que le monde se meurt, Avril, une jeune fille, tente tant bien que mal d'élever son petit frère, Kid. Réfugiés au cœur d'une forêt, ils se tiennent à l'écart des villes et de la folie des hommes... jusqu'au jour où le mystérieux passé d'Avril les jette brutalement sur la route. Pourchassés, il leur faut maintenant survivre dans cet univers livre au chaos et à la sauvagerie. Mais sur leur chemin, une rencontre va tout bouleverser : Sirius.

Outre l’écriture lumineuse aux multiples métaphores et quand bien même la fin m’a laissé sur ma faim à cause d’une régression quelque peu violente à mon goût, j’ai apprécié le voyage. Il y est question d’écologie, d’ode à la nature,  de dérives sur les croyances et d’obsessions,  harcèlement au travers d’un sombre personnage incapable d’évoluer, des failles et faiblesses humaines où chacun.e est susceptible de s’embourber par égo, par chagrin, par la nécessité de survivre…

Au-delà de tout ceci, l’accent est mis sur le vivant interconnecté avec une conscience plus élevée chez Kid qui garde de cette flamboyance propre à l’enfant intérieur. Cet enfant intérieur que nul ne devrait perdre en grandissant,  ce qui semble être le cas de l’auteur dont j’ai compulsé un peu le blog. 

Il y a de la spontanéité, des moments même assez drôles, mais jamais aucun jugement n’émanant de ce petit garçon qui a été préservé des vices et dérives pour finalement évoluer à travers cette connexion à la Terre et aux animaux, tout en étant capable de simplement accepter, de vivre au présent et à également pardonner sans tiraillement lié à un ego destructeur... A la fois lien, à la fois guide, à la fois la personnification d’une rédemption notamment pour Avril et le conteur, même si ce dernier avait déjà entamé le processus. 

Force est donc de constater que ce personnage ne laisse pas indifférent le lectorat et pour cause, il reste le socle de l’histoire.

Après les nombreuses dystopies publiées, il semble y avoir ce nouvel engouement pour retourner à la source de tout. Une forme de régression pour amener l’humanité à progresser différemment en harmonie avec la nature et c’est en substance, ce que raconte ce roman. Etant extrêmement sensible aux thématiques, je me suis demandée s’il n’y avait pas une quelconque sorte d’éveil inconsciente également chez de nombreux auteurs au vu de succès, par exemple, de la vie secrète des arbres. Sachant que cela me parait absolument édifiant que les gens ne découvrent ces choses-là uniquement par ce biais, ce qu’il est si aisé de ressentir au fond de soi alors même que les premiers humains en étaient pleinement conscients.

Au-dessus, il y avait tant de rayures mordorées que la nuit ressemblait à une broderie orientale ou à une toile de ce peintre à l’oreille coupée dont Avril avait oublié le nom. Les étoiles semblaient toutes filer vers l’est.

Je ne vais pas m’étendre sur le sujet, complexe en soi, mais ce roman évoque tant un parcours initiatique que spirituel. Avril personnifie cette fameuse prise de conscience, d’abord entre remords et regrets, ne croyant qu’en peu de choses excepté à la nécessité de survivre en protégeant son frère et d’échapper au danger la poursuivant sans cesse, jusqu'à ce que...

En bref, j’ai véritablement passé un bon moment avec cette lecture ayant forcément trouvé de l’écho face à ma propre perception et conscience du monde.

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