13/05/2017

Heure Lumière - Cookie Monster de Vernor Vinge



Non, vraiment, la vie de Dixie Mae n’a pas toujours été rose… Mais grâce à LotsaTech, et au boulot qu’elle vient de décrocher au service clients de ce géant high-tech, les choses vont changer. Telle était du moins sa conviction jusqu’à ce que lui parvienne l’email d’un mystérieux expéditeur, message qui contient quantité de détails intimes liés à son enfance et connus d’elle seule… Dixie Mae, telle Alice, devra passer de l’autre côté du miroir et payer le prix de la vérité — exorbitant : celui de la nature ultime de la réalité au sein de la Silicon Valley…


***


Dès le titre et le synopsis, nous avons bel et bien une petite idée de ce dont il sera question. Non, il ne s’agit pas d’une attaque de gigantesques et monstrueux cookies au chocolat…  Cela aurait pourtant pu me causer une grosse fringale et avec un bon thé chaud...  Comme la marionnette bleue du Muppets show qui a toujours faim, performing by Frank Oz. Oui, comme la référence au pays d’Oz dans ladite nouvelle après celle d'Alice au pays des merveilles… (Je suis en forme, moi...). Allez, c'est cadeau :


Non, ce n'est pas lui le cookie monster de l'histoire...

En attendant, clin d’œil ou pas... Comme Dixie-Mae, nous découvrons une entreprise ayant supplanté les plus connues. La nouvelle recrue est heureuse de pouvoir enfin changer sa vie, elle qui a l’impression d’avoir tout gâché à maintes reprises, espérant pourtant rendre fier son paternel. Une formation d’une semaine et la voilà donc au service client. 

Et le service client, ça me connait aussi pour en avoir fait pas mal. Or, on sait tous que la majorité des problèmes est entre l’utilisateur et le clavier – pardon, le mode d’emploi de ce qu’il achète ou la non lecture des conditions de vente etc.

Malheureusement, une requête étrange parvient sur l’email dudit service client - l’adresse est généraliste permettant ainsi à tout chargé d’y répondre, sauf qu’elle a été réceptionnée par Victor. Et Victor, c'est le casse-pied du service un peu lourdingue comme votre voisin de bureau en somme. Or, le message contient des informations que seule notre héroïne peut connaitre. De là, entêtée qu’elle est, une enquête démarre menant tout d’abord le lecteur vers certaines suppositions avant que théories et conclusions fusent...

« Oui… cela dit, il y a quelque chose. En fait, le bruit a couru ce printemps que Gerry avait réussi à accroître la cohérence de la caféine dans le modèle de Gershenfeld. »


Je ne sais pas vous, mais ça m’a fait rire. La cohérence de la caféine… Et c’est là aussi le piège taquin de l’auteur à nous embrigader dans des explications scientifiques (ou pseudo-scientifiques parfois du coup ?), relevant surtout de références éparses autour du quantique et bien-sûr d’informatique à coup d’algorithmes avec un mix de patronymes n’ayant pas toujours la même thématique/le même domaine. Parfois même, m'a-t-il semblé à tort ou raison, pas une vision commune ou même opinion des sujets abordés par les protagonistes cités. Il me faudrait approfondir mes recherches googloutantes pour en être certaine, mais hé...

Du coup, il y a probablement un certain nombre de jokes que seuls les connaisseurs sauront détecter.  Pas mal de références en livres SF (David Brin notamment) – dont certaines existent, d’autres pas - ont été également glissées et sur lesquelles je jetterai très certainement un œil ou deux.  

Hard-SF pourtant très accessible grâce au personnage principal. Une immersion façon Black Mirror.


C’est vraiment la force de ce court roman que de nous immerger directement au cœur de l’intrigue avec cette fameuse "première journée" afin de poser des personnages, au demeurant fort bien campés. 

L’impression d’un épisode de Black Mirror sous format livre qui eût par ailleurs un effet jubilatoire sur ma petite personne. Bien entendu, « au-delà du réel »,  et autres séries de cet acabit, me rappelant également les « heures lumières » nostalgiques de mon adolescence aux quatre coins de l’univers, à fricoter avec les bonnes vieilles anthologies de SF qui passaient aussi bien que de bons cook… Oui, bon j’arrête. Puis, elles étaient faciles celles-là !

Un agréable moment de lecture malgré une fin ouverte quelque peu frustrante. Sans doute en écho à l’état de l’héroïne dans les dernières lignes... ? Certes oui, des indices jalonnent les dernières pages et on comprend d'autant plus de quoi il en retourne, s’agissant surtout d’un roman s’interrogeant sur la singularité technologique, le transhumanisme et l'éthique. 

Singularité technologique que l’auteur semble d’ailleurs avoir à cœur au sein de sa bibliographie.


Encore une fois, ce fut une jolie découverte par un éditeur dont j’apprécie les publications et notamment cette collection qu’il me tarde de poursuivre - ayant déjà lu "L'homme qui mit fin à l'histoire" de Ken Liu dont il me faudra ajouter la critique sur le blog également...

Du coup, vous reprendrez bien un cookie ?

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