23/11/2017

Les outrepasseurs - Cindy Van Wilder





Nouvelle incursion dans le paysage young adult avec la saga "Les Outrepasseurs" de Cindy Van Wilder chez Gulf Stream, dont on parle beaucoup sur la toile, composée initialement de trois tomes, mais dont le quatrième est sorti cette année. D'une malédiction jetée au moyen-âge à nos jours, nous suivons tant les ancêtres que Peter, héro bien malgré lui qui se retrouve confronté à un destin loin de toute normalité. 


Univers mêlant contes de fée, fables, le fameux roman de Renart, des créatures mythiques et autres métamorphes... Le premier tome nous plonge entre passé et présent avec une écriture fluide et bien maîtrisée que j'ai beaucoup appréciée. Toutefois, les personnages centraux tombant des nues en découvrant un destin imposé, ne sont ici que spectateurs tandis que le premier chapitre ouvrait d'autres possibles en rebondissements. Un passage initiatique classique avec un bassin rappelant la piscine Molitor exploitée par Estelle Faye dans "Un éclat de givre".

Le second tome est clairement au-dessus des autres. Avouons-le tout de suite ! Malgré l'absence de surprise et une vague ellipse sur ce qu'est la vie des héritiers pour un développement plus large, la laideur des actions et l'immoralité s'accordent au devoir et à l'héritage imposés ; s'y disputent également la conscience et cette bribe d'humanité vacillante. Un conditionnement que le récit allège pour s'adapter tant à l'univers qu'à son public cible.

Au final, l'adolescent se transforme en adulte à une cadence effrénée. Des choix qui s'affirment et s'assument jusqu'à couper le cordon dans la rébellion avec un certain sens du sacrifice ; certes tête à claque comme tête brûlée bien bornée, ce qui n'est pas déplaisant. le parcours initiatique va bon train et la symbolique y prend tout son sens. 

J'ai le culot d'apparenter le tout aux shônen japonais car je visualisais assez pertinemment une version animée à travers ce qui existe déjà de manière saturée, présumant que l'autrice/auteure (gardez celui que vous souhaitez) en lit et en visionne aussi. :)

Quant au vieux lion, péril en sa demeure, alors qu'il se fait vieux à en perdre le contrôle sur tout ce qui lui tenait tant à coeur de manière possessive et obsessionnelle. La chute du piédestal est amorcée, point ignorée, ainsi va la fatalité quand événements et éléments se déchaînent sur un trône désormais fissuré… Va-t-il se résigner ?

L'histoire des Outrepasseurs se développe rapidement, ayant su de génération en génération, asseoir un certain pouvoir pourtant fragile en manipulant et assujettissant, usant de la malédiction comme levier afin de survivre à tout prix dans la rigueur et l'opulence au sein d'un monde où ils n'ont pas vraiment de place.

Il en va presque ainsi de la marmoréenne reine des neige aussi libre qu'un vent polaire – et le conte de ce bon vieux Andersen étant mon favori depuis que je suis haute comme trois pommes, je peux vite grommeler – qui devient Babayaga un bref instant, près d'une rivière en Russie - peut-être celle qui a donné son nom - et qui se joue des mortels en volant leur énergie d'un éclat de givre dans le cœur. 

Sans en dévoiler plus, beaucoup de métaphores n'étant pas sans rappeler bon nombre de guerres et d'horreurs qui furent perpétrées et se perpétuent encore dans notre réalité. Rien ni personne n'est manichéen, mais on retrouve la majorité des thèmes classiques et habituels qui font échos à tant de sagas jeunesse/young adult à cheval entre l'urban fantasy, les contes, fables et mythologies dans une capitale anglaise malheureusement surexploitée même si elle reste le berceau des récits notamment gothiques. 





Nos auteurs francophones aiment un peu trop les États-Unis - preuve en est la cover du quatrième tome - et l'Angleterre à mon goût, même si nous voyageons quelque peu à travers d'autres pays, et folklores dont certains amenés intelligemment. La toile tissée depuis le premier tome nous a bel et bien amené jusqu'à Maupertuis tandis que l'histoire avec un grand H a joué de manière logique, mais tout de même...

En dépit d'une écriture que j'ai parfois trouvé moins affinée ici, j'ai beaucoup apprécié toutes les références à différents textes connus et autres légendes (urbaines ou non), réadaptés pour certains à chaque début de chapitre. 

Bien motivée, j'ai enchaîne avec le troisième tome... Malheureusement, j'en suis sortie très mitigée, voire déçue. Vraiment en deçà de ce que j'aurai pu attendre en termes d'écriture et de rebondissements, même si tout se clôture de manière prévisible. Survol et ellipses nombreux, trop d'accélération peut-être à certains moments pour finalement s'arrêter sur des détails de moindre importance. Parfois une sensation de bâclé dont avec les émotions des personnages rarement approfondis, superficiels si on oublie le début de l'amourette. Je me suis surprise à m'ennuyer, accélérant ma lecture pour aller droit au but. 

Je ne suis pas non plus parvenue à me positionner par rapport aux personnages, dont certains ont surtout brillé par leur absence. L'histoire du chasseur à chaque début de chapitre m'a, par ailleurs, paru répétitive comparé à ce qui se savait déjà lors des précédents tomes.


En attendant, cette trilogie reste divertissante avec de bonnes idées, une réécriture de conte intéressante – malgré qu'il en existe pléthore… Phénomène de mode quand tu nous tiens ! - et une plume somme toute agréable pouvant plaire à un large lectorat, dont au public cible. Le quatrième tome sorti récemment sera toutefois lu plus tard.

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