04/01/2018

Intégrale le sang des princes - Romain Delplancq



Chez l'homme sans nom





Vile que je suis, je me suis offert et j’ai offert cette intégrale – à noël ! - pour une lecture commune en léger différé. La présentation donnait envie au regard de certaines péripéties rôlistiques et, bien que nous autres sommes éloignés d’un bout à l’autre de l’hexagone, cela n’a jamais empêché  les petits cadeaux, aussi virtuels soient-ils. Mon comparse peinant à marquer quelques arrêts dans sa lecture pour me donner ses premières impressions, j’ai donc mis le nez dedans. Tout commença alors parfaitement ! Un univers riche, construit, crédible. Certes, à peine la centième page entamée, j’avais déjà deviné 90% de l’histoire, mais c’est hélas un problème récurrent chez moi. Ce qui agace mon entourage et les maîtres de jeux…




Mais au fait : De quoi ça parle ?

Le destin des ducs Spadelpietra est assuré. Inexorable. Une ascension déterminée vers le pouvoir, vers la couronne, vers la place qui leur revient de droit à l'avant-garde du monde. Ils sont les pacificateurs, les bâtisseurs, les gouverneurs de Slasie. Ils sont les Illustres.Mais les nomades Austrois y font à peine attention. Leur monde n'est fait que de théâtre, de musique, d'art et d'inventions dont ils gardent jalousement le secret. Leur vie est une routine maîtrisée, à l'image de leurs automates. Et pourtant, un tout petit hasard vient gripper la mécanique de l'histoire. Trois fois rien. Une toile découverte par les Spadelpietra qui catapulte son peintre, le jeune Mical, dans une longue fuite... Et pousse le pays, son peuple, ses nobles et ses artistes dans les premiers vents de la plus grande tourmente de leur histoire. Les engrenages tournent. La scène est dressée. Le rideau se lève. Le drame peut commencer.



Ne nous enlisons pas. Pour le premier tome, l’immersion fut addictive malgré quelques répétitions hasardeuses. Il fut plaisant de découvrir les personnages principaux,  la vie des austrois presque aussi bien réglée que les rouages de leurs créations. Il m’a néanmoins manqué une carte, même si certaines ont été rapidement esquissées, visibles sur le blog de l’auteur. Plaisant donc que ces bohémiens, inventeurs et artistes en errance face au règne tout puissant des Spadelpietra. 

Ainsi était-il normal d’enchaîner sur le second tome. Là encore, mon flair a fait des siennes et j’ai deviné les quelques pourcentages restants de l'histoire par déduction logique. Cela ne m’a pas gêné compte tenu que j’attache une importance sur comment sont amenés les événements. La fin pourra donc surprendre ceux qui ne s’y attendront pas.

Si la suite reste intéressante, d’autres frustrations se sont rajoutées. Notamment pour certains personnages qui disparaîtront sans réelle explication, pourtant bien plus appréciés que ceux centralisant l’histoire. Frustration aussi avec le peu de soin apporté aux corrections. Doublon d’un même chapitre, coquilles, tournures pour le moins étranges qui ont véritablement ternis le voyage. J’imagine mal comment un éditeur peut laisser passer ces erreurs, sachant que certaines se corrigent en deux clics sur word. J’ai également noté l’usage maladroit de vocabulaire en vieux français tranchant radicalement avec le style global. S'y ajoute un agencement farfelu des guillemets durant les échanges entre protagonistes.

Tout n’est ni noir ni blanc, rien de manichéen et chaque pièce du puzzle a sa raison d’être. On retrouve toutefois la thématique des guerres et de l’extrémisme religieux, de l’ambivalence face aux sciences, mais également de ce soupçon fantastique  à travers l’appel, des éveillés et des hurleurs comme un "miroir" au paganisme. J’ai cependant trouvé dommage que certains éléments soient juste survolés, même si la vie continue (ou pas), à chaque frontière tandis que les « héros » poursuivent leur chemin. Le second tome, contenant à mon goût trop de dialogues explicatifs, reste malgré tout en deçà du premier. 

Sur twitter, l’auteur taquinait son lectorat à propos de son futur roman en indiquant qu’il lui était difficile de ne pas faire compliqué. Au contraire, plus c’est tordu, fouillé, complexe et bien amené, mieux ce sera.  Attention toutefois à la syntaxe, aux coquilles et répétitions, même si j’ai conscience que la fatigue peut en entraîner beaucoup sans être ensuite visible du premier coup… Cela dit, si l'auteur est supposé rendre un manuscrit corrigé, l'éditeur se doit de vérifier et faire le nécessaire avant publication.

En bref, une lecture ayant démarré sur les chapeaux de roue pour s'achever en demie teinte, somme toute divertissante.

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